Petite histoire du boutis
« Cet ouvrage divin qui ressemble à un pré dont le givre broda de blanc les feuilles et les pousses »
Frédéric Mistral
L'art du boutis
Il revint à la mode dans les années 1990 grâce à des créatrices de talent.
Le plus vieux boutis connu est le Tristan quilt réalisé en lin et en coton vers 1395. Confectionné sans doute en Sicile, il narre en quatorze panneaux la légende de Tristan et Iseultt. Cette étoffe, sans doute un couvre-lit, qui mesurait à l'origine 3,10 x 2,70 mètres se trouve, pour partie, au musée national du Bargello à Florence, l'autre partie se trouve au Victoria and Albert Museum à Londres. La troisième fait partie d'une collection privée florentine.
Désireux d’enrichir leur gamme textile, les négociants marseillais firent venir des artisans brodeurs siciliens. Ils s'installèrent non seulement à Marseille, mais ouvrirent des ateliers de couture à Nîmes, Avignon, Aix-en-Provence et Arles. Ils travaillaient les tissus de soie et de satin. La demande fut telle, que quelques années plus tard, en 1474, la municipalité de Marseille elle-même fit venir Michel Mérulle, de Gênes, afin d'enseigner ce type de broderie aux artisans provençaux.
À cet engouement s'ajouta celui des indiennes, importées dès la fin du XVIe siècle. Ce nouveau tissu, traité en piquage, révolutionna le marché. La noblesse et la bourgeoisie s'arrachèrent ces toiles de coton peintes ou imprimées, décorées de motifs aux couleurs éclatantes et inaltérables, en dépit de leur prix élevé. Elles s'imposèrent tant pour l'ameublement que pour l'habillement. Les documents d'archives ont montré qu'en 1680 ce travail occupait à Marseille près de 6 000 femmes pour une production de 40 à 50 000 pièces de toiles par an.
Article détaillé : Rue des Teinturiers (Avignon).
Le succès commercial de ces toiles menaça même le commerce de la soie et de la laine. Ce qui inquiéta au plus haut point les soyeux et drapiers de Lyon. Ils firent pression sur Louis XIV pour qu'il les interdise5. Effectivement Le 26 octobre 1686 un édit royal interdit de fabriquer, d'importer, d'imprimer et de porter des indiennes. Cette interdiction eut un effet inattendu en ouvrant le marché du luxe au boutis5. Pour préserver leur marché« les manufactures marseillaises obtinrent l’autorisation d'importer les toiles blanches de coton à condition qu'elles fussent piquées à Marseille ». Et le boutis prit la place des indiennes prohibées.
Même si la levée de l'interdit se fit en 1759, les ouvrières provençales profitèrent de la prohibition pour créer un véritable art avec son langage symbolique. Les boutis pour la noblesse, brodés dans les tissus les plus riches, comportaient des armoiries et des écussons. Leur qualité en firent des produits de luxe qui s’exportèrent vers l'Europe (Angleterre, Hollande, Portugal et Espagne) et les colonies d’Amérique.
Un art domestique
Si le déclin des grands ateliers de Provence s’amorça vers la fin du xviiie siècle, la pratique du boutis se poursuivit dans les boutiques de couture et devint surtout un art domestique pratiqué dans les maisons. Tout au cours du XIXe siècle, les provençales se transmirent, de mère en fille, la technique et le boutis perdura dans l'univers féminin. Chaque jeune fille se devait de confectionner un trousseau de mariage en boutis. Il allait du couvre-lit au jupon.
Le jupon devint rapidement incontournable. Ce vêtement réservé à la noblesse, se démocratisa et toutes les jeunes provençales, tant en ville qu'à la campagne, le mirent dans leur trousseau de mariage. Une autre tradition prit racine, celle du pétassoun en boutis destiné au nouveau-né. Cette pièce carrée avait pour fonction de protéger les vêtements de la personne qui portait le bébé.
Renaissance du boutis
Si la révolution industrielle et la mécanisation des ateliers du textile porta le premier coup fatal à la production du boutis, le second lui fut asséné par l'apparition de la machine à coudre qui mit fin à cet art. Il s'éteignit en Provence et en Languedoc peu après 1870, et resta en sommeil pendant un siècle. Il réapparut dans le dernier quart du XXe siècle. Des ouvrages puis des revues lui consacrèrent des pages, les armoires familiales en conservaient encore, ils furent exposés et petit à petit cet art ressuscita.Il revint à la mode dans les années 1990 grâce à des créatrices de talent.
Cette résurrection bouscula un peu les traditions, alors que le boutis, jusqu'au XIXe siècle, était confectionné avec du coton de couleur blanche, les textiles modernes et colorés s'imposèrent et permirent de réaliser toutes sortes d'accessoires décoratifs, des dessus de lit aux chemins de table, en passant par des coussins et des sets de table.
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Boutis
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